Origine de Bellingen

Jehan de Bellinghen 

° 1390  +1464


L'acte constitutif de la paroisse et du prieuré qui sera uni à son destin durant six siècles est daté de 1181  et est rédigé par l'évêque de Cambrai Roger de Wavrin.

Avant cette date, Bellingen était un hameau de la paroisse plus ancienne de Pepingen, ou plus simplement une grosse ferme avec maison de maître, entourée de quelques cases d'ouvriers agricoles dont la condition sociale était servile. La vie était dure et pleine d'insécurité en ces temps troublés où sévissaient souvent la guerre et le brigandage.

Vers 1390, les noms de familles, en Brabant et Hainaut sont déjà formés et correspondent pour la plupart aux noms de lieu.

La famille van Bellinghen , tire son nom du village de Bellingen, aujourd'hui en Brabant, arrondissement de Bruxelles, canton de Hal, à 7 kms de cette ville, à 9 kms d'Enghien et à 20 kms de la capitale. Cependant, pendant les siècles qui précédèrent, Bellingen dépendait du Hainaut et appartenait aux Seigneurs d'Enghien. Ces derniers furent des personnages importants liés aux grands évènements de notre histoire. Puissants et engagés d'ailleurs dans des guerres féodales longues et cruelles.

A partir du XVIème siècle, l'obligation légale de l'enregistrement des mutations (désigne la transmission de la propriété d'une personne à une autre, soit par décès, soit entre vivants, soit à titre gratuit, soit à titre onéreux) dans tous les biens-fonds, imposée par un édit de Charles-Quint, fit que les alleutiers du même village se groupèrent entre eux, parfois sous la présidence d'un maïeur domanial ou féodal, pour témoigner de ces mutations sous la forme d'un embref (écrit) sur parchemin scellé par chacun d'eux sans intervention de l'échevinage.

Au XIVème et XVème siècle encore, les villages sont relativement peu peuplés. La plupart des chefs de famille sont propriétaires et possèdent largement assez de terre pour faire vivre décemment leur famille, même en les traitant selon les procédés sommaires de culture extensive que permettaient seulement les moyens techniques rudimentaires dont on disposait alors.

Cependant, dès le XVème siècle il y a eu, dans chacun de ces villages, des pauvres, des déshérités, privés de terre et vivant misérablement comme journaliers, assistés, ainsi que leur famille, souvent nombreuse, par les tables des pauvres, institutions de bienfaisance encouragées par l'église et contrôlées, dans chaque paroisse, par le curé, gérées par des mambours des pauvres ou armmeesters qui étaient des notables du village et dotées d'un patrimoine parfois considérable.

Ces institutions existaient dès le moyen âge dans chacune des communes considérées.

En principe les pauvres ne sont pas taxés dans les aides et autres contributions réclamées par le prince et consenties par les Etats provinciaux. Quelle proportion représentaient-ils dans l'ensemble de la population?

Au XVIème siècle ils formaient, au pays d'Enghien, environ 25% de la population : 21% en 1540, 26% en 1560.

Aucune industrie n'y existait alors, mais seulement quelques formes rudimentaires d'artisanat rural :

Tissage à domicile fabrication de chaussures, de chaises et autres meubles légers, un peu de vannerie, activités peu rémunératrices et qui étaient plutôt des occupations d'appoint et saisonnières, car chacun avait pour premier souci de cultiver son lopin, si petit qu'il füt. 

En fait, la classe des pauvres ne cessa de croître durant tout le XVIIIème siècle jusqu'à atteindre 50% de la population. Contre cette paupérisation croissante, les vieilles institutions charitables des paroisses, aux ressources restreintes, étaient pratiquement impuissantes et une partie de la population vivait dans un état de sous-alimentation presque chronique, favorisant le développement de la tuberculose et autres maladies microbiennes qui faisaient d'immenses ravages et qu'on était impuissant à guérir ou même à soigner.

Cette misère de la population des villages eut pour conséquence, en bien des cas, une véritable prolétarisation, beaucoup de familles étant ruinées et endettées à la suite du ravage du pays à trois reprises au moins au cours du XVIIème siècle, par les armées de Louis XIV. Il fallut vendre, très souvent le peu qui restait d'une patrimoine déjà très amenuisé par les partages et souvent chargé d'hypothèques considérables que l'on traînait parfois depuis plusieurs générations.

Il fallut vendre pour sortir d'indivision, vendre pour rembourser les hypothèques devenues trop lourdes et parfois d'un montant supérieur à la valeur des terres, qui avaient plutôt tendance à baisser, vendre pour nourrir des enfants trop nombreux dont 50 à 60% mouraient au berceau, de sous-alimentation et de maladies infantiles bénignes mais qu'on ne savait soigner.

Le plus souvent les acquéreurs étaient des gens des villes, fonctionnaires ou boutiquiers enrichis, les seules classes de la population qui n'aient jamais manqué de revenus au cours de cette période de malheur.



Nos ancêtres ont eu faim,  pour la plupart, pendant trois cents ans et plus, car la situation ne s'est améliorée au XIXème siècle, que très lentement. Ils ont eu faim et pour survivre ils ont dû aliéner le peu qui restait d'un patrimoine millénaire. C'est pourquoi l'on voit, du VIIème au XIXème siècle, les arrière petits-fils des alleutiers et des fieffés des XVème et XVIème siècles, et parfois des chevaliers du XIIIème siècle, réduits à l'état de journaliers miséreux, travaillant dix heures par jour ou davantage pour cinq sous ou moins encore, vivant dans des cabanes croulantes avec une marmaille dépenaillée et chétive. C'est là un fait que nous ne pouvons ignorer ou dissimuler. Il concerne pratiquement toutes les familles rurales des siècles passés, c'est-à-dire 95% de la population belge actuelle si l'on tient compte du fait que la population actuelle des villes belges est représentée à 90% au moins de personnes dont les ancêtres étaient encore aux champs il y a cent ou moins.


La famille van Bellingen n'a pas échappé à cette fatalité :


1° :: le taux élevé des naissances.

2° : le fait que la transmission des fiefs se fait en principe en ligne masculine à l'aîné  des enfants à l'exclusion des puînés (qui est né après un frère, après une sœur. Mai s on a pris l'habitude d'appeler cadet le deuxième et puînés les suivants à l'exclusion du dernier, qui est le benjamin.

3° :  L'émiettement de la propriété du sol.

4° : Les guerres et les ravages dans le pays d'Enghien, ruinant les récoltes et les maisons et contraignant les habitants à fuir, semblent avoir beaucoup contribué à la dispersion des membres de la famille.

5° : Les épidémies ont joué leur rôle également, en particulier la grande peste de 1635 qui a dispersé plusieurs foyers.